Depuis le début de l'été, la misère est extrême dans les campagnes. Vers la mi-juillet, des rumeurs alarmistes répandues, peut-être par des colporteurs provoquent la panique dans les villages.
On raconte que des bandes de brigands, d'étrangers, peut-être à la solde des aristocrates, ravagent et pillent les récoltes.
Un vent de panique, la Grande Peur, enflamme le pays et ne cesse de s'étendre.
Mais la crainte des brigands passée, les paysans retournent leur colère contre les châteaux, brûlent dans la joie et la fureur les terriers (témoins des droits seigneuriaux).
A Ruffec, la chaleur est accablante en cette fin de juillet. Une retraite a même été prêchée par les pères jésuites, créant un certain conditionnement.
Dans la forêt, des bûcherons abattent du bois destiné aux forges royales. L'un d'eux surnommé "Sans-chagrin", descend dans la ville et s'arrête dans tous les estaminets où il raconte que des bandes de brigands arrivent.
On le croit ; le tocsin sonne ; des cavaliers sont dépêchés dans les paroisses voisines qui envoient des hommes pour renforcer la garde.
Femmes et enfants se réfugient dans les localités voisines.
La rumeur, c'en était une, continue de se répandre en gagnant tout le sud-ouest.
Comme Ruffec qui fût un des points de départ des courants de la Grande Peur il y eut aussi, Nantes, La Ferté, Louhans, St Florentin, Romilly et Estrées.