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Drôle de guerre


Mon père était au milieu de la base de la pyramide et apparemment ils n'avaient pas tous la même tenue.

Drôle de guerre ! Drôle d'ennemi ! Drôle d'ami !

 

Ce petit texte n'a pour but que de relater un événement dans lequel la généalogie peut y trouver aussi son compte ou une des raisons de mon point de départ dans cette quête.

 

 

Mon père, Abel Coiteux, fils d'Alcide et d'Anastasie Poupart, est né dans la commune de Les Adjots le 26/3/1915. A l'âge de 16 ans, à la mort de son père il se retrouve chargé de famille, n'ayant que des sœurs, trois. C'est en 1936 qu'il fut convoqué, même étant chargé de famille, pour faire son service militaire, la belle affaire, qui a cette époque était d'une durée de deux ans.

 

A son retour de cette formation importante, au moins pour la durée, car la suite va nous apprendre que pour le reste..., il n'eut guère le temps de se déshabituer de la vie militaire, quelques semaines au plus, car vers Pâques 1939, le rappel sous les drapeaux sonna pour lui, le risque de conflit grandissait en Europe.

 Il lui fallu la faire cette guerre ! Encore une ! Pourquoi et pour qui ? Il partit donc et ce n'est pas un vain mot si l'on mesure le départ par rapport au retour car celui-ci se fit attendre…attendre… Comme pour tant d'autres.

 

Cette période fut très marquante dans la vie de mon père. Même s'il n'y faisait allusion que très rarement, il a tout de même ressenti le besoin d'en reparler dans les tout dernier jours de sa vie.. Pas des combats, il n'a pratiquement pas combattu.

 

Alors pourquoi vous la raconter sa "guerre" ? Elle peut, je crois, étayer le propos du philosophe disant : "L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que ; qui veut faire l'ange fait la bête"

 

Le conflit par lui-même se termina assez vite, tellement vite que mon père, ainsi que ceux qui étaient avec lui, dans la "poche" des Ardennes n'eurent pas le temps d'être prévenus de l'arrêt des hostilités. La ligne Maginot n'avait rien arrêté du tout, les Allemands en ayant fait le tour. Nous avions de grands stratèges dont je ne parlerai pas dans la suite. Drôle de guerre, c'est comme cela qu'est qualifié cette période. C'est vrai qu'il y avait un petit quelque chose de comique dans cette affaire, sauf pour ceux qui en furent les acteurs involontaires.

 

C'est ainsi que mon père fut fait prisonnier et qu'il partit pour un "trek"… des Ardennes au camp de "vacances" qui les attendait à bras ouverts sur les rives de la Baltique, à la frontière Polonaise, ce n'était pas la Riviera. Ces camps de vacances s'appelaient "stalag". Un pays où il n'y avait ni cagouille, ni mongette, pas même la trace d'un fromager, très loin donc de son coin de France… de sa Charente natale !

 

Ils firent donc cette "balade" épuisante, à pied, en deux colonnes, une de chaque côté de la route, laissant le haut du pavé aux véhicules des vainqueurs. Il leur fallut donc traverser toute l'Allemagne à pieds, très beau pays l'Allemagne ! Et comme le dit la chansonnette : "un kilomètre à pieds, ça use, ça use, ça use les souliers…" Ils étaient plutôt bien mal équipés pour un tel "raid", et pour ce qui était de la nourriture…. Qu'en dire de la nourriture ? Une organisation déplorable, drôle de guerre, mais toujours assez bonne pour des prisonniers. Donc, ce qui devait arriver, arriva… certains prisonniers, à bout de force, leur moral si bas qu'ils marchaient dessus, étaient tentés de se laisser tomber sur les bas côtés de la route. Malheur à ceux qui en arrivaient là, car ils ne se relevaient plus… Ils avaient été prévenus à l'avance ! Pan !.. Pan !… sans autre forme de procès.

 

A un moment donné, à son tour, mon père sentit que ses forces l'avaient abandonné… Il résista autant qu'il le put, ceux qui l'on connu peuvent mesurer ce que je veux dire, jusqu'à l'instant ou, n'en pouvant plus, il envisagea d'abandonner la lutte. C'est à ce moment faditique qu'un officier ennemi passa à ses côtés, le vit, s'arrêta et lui dit/ "Vous êtes fatigué, Monsieur, montez !» en lui désignant la camion le plus proche. C'est grâce à l'intervention humanitaire de cet officier ennemi qu'il eut la vie sauve, et que je vous écrit ces lignes. Drôle d'ennemi !

 

Abel, mon père, passa ses années de captivité, cinq bon poids, en travaillant dans des fermes d'état, les cultivateurs allemands étant occupés ailleurs, dans d'autres champs. Puis un jour, le vent tourna, il tourne toujours un jour. Les prisonniers sentaient qu'ils touchaient au terme de leur exode et que le retour au pays approchait… Il y avait longtemps qu'ils attendaient cet heureux moment ! prudemment mon père gardait en réserve, et bien cachée, une bicyclette récupérée là… ou là… ?

Enfin, le grand jour tant attendu arriva. Ce furent les Russes qui se présentèrent comme libérateurs. Les portes des baraquements grandes ouvertes, "Vous êtes libres !… partez comme vous le pouvez !" le tout dans leur langue, avec force geste et de vilains airs…

Libre enfin, mon père enfourche son vélo et "Bonjour Les Adjots, j'arrive !" , ma mère l'attendait aussi, sans nouvelles, que nenni, à peine parti, il est arrêté par ses libérateurs qui en voulaient à son vélo… certainement que pour eux aussi, "un kilomètre à pieds, ça use…" et pas que les souliers !

Mon père y tenait à son vélo, il attendait de s'en servir depuis si longtemps pour faire le chemin du retour. Mais ses libérateurs, avec force menaces, devinrent, si convainquant qu'Abel préféra leur céder son vélo que sa vie.. Hélas, ce maudit fantassin cosaque ne sachant pas se servir d'un tel engin, l'enfourcha et après plusieurs tentatives, échoua dans le fossé en vociférant. Pris de rage ou d'indignation, il cassa le précieux objet. Ce devait être de la faute du méchant vélo, qui n'avait pas voulu être "kamarade" avec lui ! Drôle d'ami !

 

Après plusieurs aventures, mon père rentra tout de même aux Adjots. Pour y arriver, il lui fallut même payer son billet de train à l'aide de quelques marks échangés à Paris. Ce train l'emmena jusqu'à Angoulême, ce qui le fit passer juste à côté de chez lui à un jet de pierre, mais pas d'arrêt, pas facile à vivre, mais après tout ce qu'il avait vécu, la patience était une valeur qui avait un sens, avant de remonter pour avoir Ruffec comme terminus. Histoire de se faire doucement à la réalité, comme un plongeur qui, suite à une immersion en eaux profondes doit respecter des paliers de décompression avant de voir le soleil à la surface. "L'immersion" avait duré, en tout, neuf ans, service militaire et guerre compris.

 

A sa descente à Angoulême, Abel eut l'heureuse surprise d'être attendu sur le quai par un certain M. Coiteux qui était alors Chef de Musique de cette ville, Roger Coiteux. Cette entrevue dût être surprenante car chacun ignorait l'existence de l'autre. Les préoccupations de mon père à ce moment-là devaient être à mille lieues de la généalogie, connaissait il le terme ? Il ne garda pas contact avec ce "cousin" rencontré sur un quai de gare. Cependant, il devait revoir Roger plusieurs fois lors de fêtes musicales tenues dans la région.

Louis-Philippe Coiteux de Montréal avait rencontré Roger Coiteux en 1968, celui-ci lui avait fait le récit de cette rencontre imprévue. A ce moment, il était bénévole de la Croix Rouge pour l'accueil des rapatriés. Il se croyait être l'unique porteur du nom de Coiteux dans la région. C'est normal car même si Ruffec, Les Adjots, Villefagnan ne sont qu'à une quarantaine de kilomètre d'Angoulême, les gens bougeaient moins et les moyens de communications n'étaient pas comme aujourd'hui.

 

Il arriva, enfin, dans sa commune natale, Les Adjots, vers  juin 1945. Il était alors tellement maigre et ses pantalons tellement grands que s'il y avait un bon vent, il se serait envolé comme un cerf-volant…

 

Le 25 juillet suivant, il épousa Yvette Gervais, qui l'avait attendu, et qui lui donna quatre enfants. Il est important de mentionner ici que mon père n'est pas revenu "intact" de cette aventure…. Malgré cela, il n'a jamais laissé supposer qu'il en voulait à quiconque pour les événements qu'il a vécus pendant cette époque. Ce n'est pas sans une certaine fierté qu'il utilisait ce qu'il savait en Allemand. Je pense que si j'avais eu la présence d'esprit d'en parler avec lui, il n'aurait pas contredit le philosophe : "l'homme n'est ni ange ni bête et que le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête"

 

Mon père est décédé à Ruffec, le 25 octobre 1984 et je suis fier de l'avoir connu.

 

Liste 57 des prisonniers de guerre en date du 24/12/1940 :

Ici la Page de garde (pdf)                Ici la Page 15 (pdf)

 

Le Stalag II-A Neubrandenburg

Le Stalag II-A Neubrandenburg est un camp de prisonniers de guerre de la Seconde Guerre mondiale, situé à Fünfeichen, près de Neubrandenburg, dans le Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale, dans le nord de l'Allemagne.

•   Le camp fut ouvert en septembre 1939 pour accueillir des prisonniers de guerre polonais après l'attaque allemande contre la Pologne. Les premiers prisonniers arrivèrent le 12 septembre. Certains furent employés aux travaux de construction du camp et étaient hébergés dans des tentes. D'autres partirent travailler dans des fermes.

•   En mai et juin 1940, des prisonniers belges et néerlandais, puis français arrivèrent au Stalag II-A après l’offensive allemande à l’ouest, la Bataille de France). Un certain nombre de prisonniers français des régiments coloniaux étaient des Noirs, qui furent employés aux travaux les plus pénibles comme le ramassage des ordures.

•   Un autre camp pour officiers Oflag II-E fut établi à proximité ; des sous-officiers et des officiers polonais y furent internés.

•   En 1941, d'autres prisonniers arrivèrent des Balkans : des Britanniques et des Yougoslaves, principalement des Serbes.

•   A la fin de l'été 1941, arrivèrent des Soviétiques, qui furent enfermés dans une enceinte séparée construite au sud du camp principal.

•   En septembre 1943, quelques Italiens furent transférés au Stalag II-A, après la capitulation de l'Italie.

•   De novembre 1944 à janvier 1945, des soldats américains capturés au cours de différentes opérations alliées, en particulier la bataille des Ardennes, arrivèrent au Stalag II-A. La plupart furent immédiatement envoyés dans des commandos de travail.

•   De février à avril 1945, Neubrandenburg fut un point de passage pour les prisonniers des camps situés plus à l'est au cours de leur marche forcée vers l'ouest.

•   Le 28 avril 1945, une division blindée soviétique atteignit le camp.

A la mi-avril 1945, la plupart des prisonniers du Stalag II-A et de ses commandos extérieurs durent marcher vers l'ouest devant l'avance de l'Armée rouge. Au bout de quelques jours, ils furent libérés par les troupes britanniques qui progressaient vers l'est.

Recensement officiel des prisonniers du 1er décembre 1944 :

•   Français 12.581 ; Soviétiques 8.694 ; Serbes 1.976 ; Américains 950 ; Polonais 738 ; Italiens 527 ; Britanniques 200. Total 25.720, dont 21 officiers.[1].

•   Seulement 3.500 prisonniers se trouvaient dans le camp lui-même, les autres étaient répartis dans les commandos extérieurs.

 

 

 

 


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